lundi 11 mai 2015

Togo : une géographie électorale presque immuable

Après le très long règne de son père Gnassingbé Eyadema (1967 – 2005), Faure Gnassingbé – au pouvoir depuis 2005 – vient d’être réélu pour un troisième mandat qui devrait le mener jusqu’en 2020. Peut-être au-delà, car la Constitution togolaise ne limite pas le nombre des mandats présidentiels. La victoire est nette. Le président sortant a obtenu 58.8 % des voix contre 35.1 % pour son principal rival, Jean-Pierre Fabre. Le scrutin s’est déroulé dans le calme et a été déclaré crédible et transparent par l’ONU.
Les résultats de Faure Gnassingbé par préfecture.
Cependant, seuls 60.9 % des électeurs inscrits se sont rendus aux urnes, contre respectivement 63.6 % en 2005 et 64.68 % en 2010. On est certes loin de la désaffection des Nigérians pour l’élection présidentielle du 28 mars (taux de participation : 43.6 %), mais il est évident que la campagne électorale togolaise n’a pas mobilisé les foules. D’abord, sans doute parce que la population avait le sentiment qu’il n’y aurait pas de surprise ; que l’histoire allait se répéter. Ce fut le cas. Les résultats des scrutins de 2010 et de 2015 sont sensiblement les mêmes. Faure maintient son score (il avait obtenu 60.88 % des voix en 2010) et celui de son principal adversaire est similaire (33.93 % en 2010). La géographie électorale est la même, à très peu de choses près.
Comme en 2010, le Sud, densément peuplé et majoritairement urbain, a voté pour l’opposition cependant que le reste du pays est globalement resté fidèle au président sortant.
Répartition de la population du Togo en 2010
Comme en 2010 également, l’opposition n’a pas été capable de s’exprimer d’une seule voix et de présenter un candidat unique ; seule chance de gagner dans un scrutin à un seul tour. Certes, Jean- Pierre Fabre a réussi à mettre en place une coalition (CAP 2015), mais avec des micro-partis et au prix de marchandages de plusieurs mois. Trois autres partis d’opposition ont en outre présenté des candidats, cependant qu’un quatrième appelait au boycott. Enfin, et comme cela était attendu, le candidat arrivé second a contesté les résultats, se proclamant même un temps président. Il a finalement renoncé à faire appel devant le conseil constitutionnel. Rien de nouveau donc sous le soleil togolais. Si ce n’est peut-être une sorte de lassitude démocratique.
lemonde.fr

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